"Il faut poser des questions aux enfants. Personne ne leur demande
comment ils vivent.
Les enfants ont peur de ne pas être crus, alors ils
ne vont pas parler spontanément.
Il faut expliquer aux enfants qu'ils
ont des droits."
Muriel Salmona
Le combat de Nora Fraisse, dont la fille Marion s'est suicidée en 2013 suite à plusieurs années de violences au sein de son collège, marque une étape dans la lutte contre le harcèlement : la justice désigne la responsabilité de l'Etat, et donc de l'institution scolaire, dans la mort de Marion.
Dans son livre Marion, 13 ans pour toujours, Nora Fraisse raconte le déni de responsabilité du collège et du ministère auquel elle a du faire face, et notamment l'absence de réaction de l'établissement face aux difficultés pointés par Marion et sa famille.
Sur le même sujet, on peut lire un article agrémentés de nombreux liens et références sur Madmoizelle.
Cette décision de justice contribuera peut-être à ce que l'on cesse de considérer le harcèlement comme un simple problème relationnel entre enfants/ados/élèves, mais comme une question institutionnelle et politique.
Pendant ce temps, l'amendement contre la fessée est rejeté par le Conseil Constitutionnel. Cet amendement visait à supprimer le "droit de correction" (une notion de jurisprudence) qui vient contredire l'interdiction des violences faites aux enfants inscrites dans le Code Pénal : les enfants, bien que plus vulnérables, sont soumis à cette exception qui rend légale la violence "éducative". La violence exercée par les parents pour raisons "éducatives" n'est en outre pas nommée dans le Code Pénal.
Le "droit de correction" a été progressivement aboli pour les militaires, les femmes, les employés, les prisonniers... mais pas pour les enfants.
L'Observatoire de la Violence Educative Ordinaire (OVEO) publie à ce sujet un communiqué de presse à l'attention des candidats à la présidentielle.
La violence envers les enfants est pourtant aussi répandue que taboue... et ses conséquences sont dramatiques, comme l'explique la psychiatre Muriel Salmona : "75% des maltraitances graves ont lieu dans un contexte de punition. Les enfants qui sont morts récemment étaient "punis"".
Elle nous rappelle au passage que loin d'être "utile" ou "éducative", "la violence aggrave les troubles du comportement chez l'enfant, comme ses troubles cognitifs."
Muriel Salmona relie la violence familiale à la violence scolaire : un enfant (ou toute personne) victime de violences va mettre en place un mécanisme de protection psychique appelé dissociation, dans le but de ne pas ressentir la souffrance. "L'enfant peut avoir l'air indifférent. Il peut donner l'impression
d'être à l'ouest, voire idiot. (...) Une personne dissociée peut être la
proie de pleins de gens. C'est ainsi que l'enfant maltraité va ainsi
souvent être harcelé à l'école. Que des prédateurs peuvent fondre sur
une jeune fille car elle n'est pas capable de se défendre. 70% des personnes
qui ont subi des violences dans l'enfance subiront des violences toute
leur vie, précisément parce qu'elles restent dissociées."
A quoi il est important d'ajouter que les enfants/élèves agresseurs/harceleurs ont probablement, dans un certain nombre de cas, subi eux aussi des violences.
Si vous avez lu/vu/entendu d'autres choses sur le sujet, n'hésitez pas à les partager dans les commentaires.
Bonnes lectures !
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